Vrac au gramme

A deux pas de la place Washington, Annagram réveille la rue Nationale. Par son concept, son accueil et sa sincérité…

Dans la moiteur du Nevada, assis à une table pour les World Series of Poker, Emeric Marcia, un temps joueur professionnel, n’aurait jamais pu s’imaginer, quelques années plus tard, à la tête d’une épicerie en vrac et bio. A des années-lumière des machines à sou et de la folie de
Las Vegas. « J’ai découvert le poker par internet. Je m’y suis mis tranquillement et comme je réussissais, j’en ai fait mon métier durant cinq ans. » Etudiant en commerce international, le jeune Sabolien rencontre Mathilde, alors en BTS assistante de gestion. « Très vite, avec le
parcours d’Emeric, on a décidé qu’il fallait que je trouve quelque chose de plus stable. »

Après quelques petits jobs dans la vente, Mathilde décroche une place dans des bureaux. « Mais au fil du temps, je m’ennuyais derrière
mon ordinateur. J’avais envie de revenir à la vente, d’avoir un contact avec les gens. » Depuis un moment, le jeune ménage change son mode de vie et de consommation.

Début 2019, Emeric a d’ailleurs lancé un site : Mon coach zéro déchet. « J’étais parti du principe qu’il n’y avait pas encore beaucoup d’infos sur le sujet. Mon but était de faciliter la prise de connaissances. » En parallèle, Emeric propose des ateliers et fait des conférences. « Puis, j’ai eu envie de lancer une boutique en ligne, non alimentaire, sur tous les produits liés au développement durable. » L’idée plait à Mathilde : « et si on lançait un camion itinérant proposant ce service ? »

Du Millet de Marçon

Mais le concept du truck est vite abandonné au profit d’un local trouvé en descendant la rue Nationale : « en y regardant de plus près, ce pas-de-porte nous a séduit. Proche d’une boucherie bio, d’un fleuriste, d’un caviste, de boulangeries… » Sur 170 m2 (dont 110 à la vente), Annagram s’est donc installé, en tout simplicité, et à tout relooké, en toute sincérité. Dès qu’on entre, un comptoir de menuisier. Derrière, une carte de l’ouest de la Franceest dessinée. Lettres arrondies, dessins explicatifs… On peut voir en un clin d’oeil, les principaux fournisseurs de cette épicerie éco-responsable : « Notre logique est de chercher au plus près les denrées que nous proposons. Pour exemples, les pâtes sont faites à Yvré-L’Evêque comme la farine, les légumes à Neuvy-en-Champagne ou Le Lude, les oeufs à Laigné-en-Belin, le millet à Marçon, les tisanes à Malicorne… » Au total, Annagram travaille avec 80 producteurs locaux. Principalement du grand Ouest mais pas que.

A droite du comptoir, c’est donc le côté alimentaire, présenté à l’ancienne. Avec ambiance palettes et tourets. On peut choisir en vrac, mais également en conserverie ou bocal. « Pour garder ce côté épicerie d’antan. » A gauche, c’est ambiance concept store. Aux côtés des “classiques’’ accessoires textiles zéro déchet, « de Marcia Créations, réalisés par mes soeurs Clémence et Astride », de l’univers de la beauté et celui des tâches ménagères, on trouve un tas d’autres idées (pour soi ou les autres) : brosses à dent, gourdes, boîtes repas, moules à glace… Et même pour les “amis’’ chiens : des croquettes sans viande aux insectes. « On veut que notre offre réponde à ce que les gens souhaitent
quand ils vont dans ce type de commerce. Mais on veut aussi étonner pour qu’ils prennent plaisir à nous retrouver. »

Au final, Il n’a pas fallu longtemps, malgré les masques sur les visages, pour que les sourires illuminent la boutique. Forcément, avec Annagram, la rue Nationale a tiré une Quinte flush royale !