Nouvelle jeunesse – Château de Montmirail
Avec Philippe Herbelin, ce château aux portes du Perche sarthois retrouve une énergie et une vitalité quelque peu oubliées.
Ado, sur son vélo, Philippe Herbelin parcourait la Sarthe. Une de ses routes favorites : la “route de Brou“, la D14. Après avoir dépassé Gréez-sur-Roc, le jeune cycliste se prenait en pleine face la partie nord du Château de Montmirail, ce “mastoc de pierres“ bâti pour faire face à l’ennemi anglais. A 300 m d’altitude, la forteresse y domine l’entrée du Perche sarthois. Au Ve siècle, les Romains trouvent en cette butte un point stratégique déterminant. Au fil du temps, la tourelle en bois devient bâtisse de pierre. « Jamais, je n’aurais pu penser en être un jour le dépositaire », souffle ce fils d’ébéniste de Saint-Maixent, village situé à 10 km de là. Durant quelques siècles, le château est un enjeu majeur de paix, avec la rencontre en 1169 entre Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre, et Louis VII Le Jeune, roi de France, mais surtout de conflits. Par deux fois, il est détruit. Notamment durant la guerre de Cent Ans. « Il connaît ensuite une vie apaisée mais tout aussi incroyable, témoigne le propriétaire du lieu. Avec la présence de la Princesse de Conti, fille de Louis XIV et de Mademoiselle de La Vallière, sa première maîtresse officielle, qui y a vécu, aménageant les salles de réception qui sont aujourd’hui classées. »
Une vraie “histoire de France“ qui se visite d’avril à novembre : des cachots, en passant par deux superbes salles d’armes médiévales, à la tour centrale dominant la vue de façon panoramique et le jardin, côté sud, où l’on imagine sans forcer bals et toilettes du XVIIIe. Tout au long de son histoire, le Château de Montmirail a toujours pris de la hauteur : 60 mètres de dénivelé !
« Avec mon épouse, nous prenons le relais des de Bufférent avec la volonté de perpétuer la tradition. »
Ouf ! Alors que Russes et Australiens “lorgnaient“ sur ce patrimoine, l’arrivée à la tête du castel d’un “enfant du pays“ est un véritable soulagement pour le village labellisé Petite cité de caractère et qui a toujours vécu au rythme de ce “géant“.
Ouvert sur les autres
Résidant sur Paris, Philippe et Catherine souhaitent donc que le Château vive à “100 à l’heure“. Epaulés par Angélique et Gilles qui s’occupent toute l’année de la demeure, ils viennent d’ouvrir cinq chambres d’hôtes d’exception, toutes aussi raffinées et élégantes les unes que les autres. Tout en mariant âme du site et modernité. « Le Château peut également se louer en totalité. » Durant les 24 Heures du Mans, un premier team étranger y sera accueilli.
Chaque mois, la maison s’ouvre aussi à la musique et invite mélomanes et voisins dans l’exceptionnel salon de la Princesse de Conti. « Pour la première en mars, il y avait cinq personnes, sourit le “châtelain“. A la sa suivante, 80. En juin, cela continue avec un duo piano et saxo baryton autour de Chopin. » Parfois, le jardin aux “airs de Toscane“ redevient féérie nocturne le temps d’un bal costumé. Autre nouveauté : entreprises et groupes peuvent investir les lieux pour faire du team-building. Par exemple, en devenant chevalier, le temps d’une journée : à eux, La Quête du Graal !
Enfin, avec l’association locale Mons Mirabilis, Philippe souhaite “booster“ les traditionnelles Fêtes Médiévales (29 juillet). Exposants et figurants redonnent alors au village des allures de bourgade du Moyen-Age : « Ici, les gens sont formidables. Ils se bougent pour leur territoire. Surplombant le village, le Château doit redevenir l’étendard de toute cette énergie locale »,
conclut Philippe Herbelin, les yeux tout autant illuminés que lorsqu’il était cet ado devant ce château.