Slam dunk pâtissier – Elhadj Diop
Ancien basketteur, Elhadj Diop a ouvert Le Destin du Gourmand, pâtisserie née de la passion et d’un “nuage“ de sucre.
Il y avait bien sûr la banlieue, les copains, les parties de foot à refaire le match et cette satanée balle orange. D’origine sénégalaise, Elhadj Diop est un enfant de la génération Michael Jordan. Né au début des années 80, le môme d’Argenteuil grandit au rythme des exploits de la star des Chicago Bulls.
« Gamin, je jouais à Sannois. J’étais plutôt grand mais je n’étais pas très doué. Version teigneux. Je ne lâchais rien. » A 17 ans, il est recruté par Golbey-Epinal alors en Pro B. « Je suis parti de la maison en centre de formation. » Mais dans l’Est, le Francilien ne trouve pas ses marques et rebondit vite à Bondy, club de la région parisienne. « J’y suis resté deux ans. En espoirs, puis stagiaire en Pro B et le club m’a “coupé“. »
S’ensuit alors une vie de “nomade“ sur les parquets de clubs nationaux, « à ce moment-là, je suis parti à Ajaccio », pour finalement débarquer en 2007 au Mans, jouer deux saisons sous les couleurs de la JALT. Tout en continuant de tâter la balle, notamment à Alençon, Elhadj “s’installe“ dans la cité cénomane. « Je suis devenu assistant d’éducation à Alain Fournier et Vauguyon. J’aimais être au contact des élèves. »
En 2014, le gaillard d’1,97 m devient responsable de la boutique d’Ünkut. C’est à ce moment-là que la passion de la cuisine lui revient plus que jamais : « j’avais 12 ans, sourit-il, quand j’ai demandé à ma mère de m’apprendre à cuisiner les plats sénégalais. » Et surtout “l’appel’’ de la pâtisserie : « il y a une dizaine d’années, j’avais vu un reportage sur Pierre Hermé et ses macarons. Des semaines durant, je m’étais entraîné pour en réaliser et les maîtriser à la perfection. » Toujours responsable de la boutique rue de la Barillerie, le forcené de la raquette se métamorphose alors en “gladiateur de la volonté“. « Tout en travaillant la journée, j’ai suivi une formation en ligne pour passer mon CAP pâtissier. Et, en même temps, j’ai bossé pendant un an, de 2 h à 7 h du matin, chez Patrick Métivier à Yvré afin d’apprendre les bases du métier. » En juillet 2017, “celui qui accomplit un pèlerinage“ obtient son CAP. Cinq mois plus tard, il apprend qu’il est atteint d’un diabète très élevé.
« Un véritable coup de massue. » A Noël, pour le “requinquer’’, sa femme lui offre un livre sur la pâtisserie pour diabétiques et quelques friandises des Belles Envies, pâtisserie parisienne créant des gâteaux et chocolats à index glycémique contrôlé. Comme à son habitude, Elhadj ne lâche rien : « j’ai trouvé une entreprise dans le Gard qui produit du sucre de raisin, avec un indice glycémique très bas. J’ai fait des recettes, testé, remplacé des ingrédients, goûté, comparé… » Et block, slam, dunk ! « Là, Je me suis dit : “y a vraiment un truc à faire.’’ » Lorsqu’il découvre son antre, avenue Gambetta, à l’angle de la rue Kléber, l’enfant d’Argenteuil se projette tout de suite : « je savais qu’il y aurait ici de la vie, un coin salon de thé, des gens venant se faire plaisir. » Ouvert en juin, Le Destin du Gourmand a (déjà) gagné la partie. En septembre, deux “assistantes“ pâtissières sont venues rejoindre ce passionné des saveurs qui n’a pas fini de faire parler de lui. Paint is cake now !*