Poésie graphique – Sarah Lembo
Fresques, tableaux ou lithos… Le monde de Sarah Lembo est beau et gargantuesque. Dans chacun de ses dessins et illustrations, dédales colorés, labyrinthes chamarrés. Ici, l’oeil furète, s’émerveille et découvre, au long de ses différentes lectures, “chimères enfouies‘‘, “lambeaux imaginaires“ ou “coquecigrues oubliées’’. « Gamine, j’étais pleine d’énergie, se souvient la Mancelle d’adoption. Je touchais à tout. Je dessinais beaucoup. Je prenais des cours de peinture, de gravure, de tirages photos… En fait, je me rêvais artiste. » Devenue adolescente,“guidée’’ par l’environnement familial, la jeune bohème choisit pourtant la voie de la “sagesse’’. « Dans la création, mais comme graphiste. »
Originaire de Sens, elle file donc à Paris retrouver ses deux frères et soeur, plus âgés, pour suivre un cursus spécifique. « C’était extra. On vivait tous ensemble. » Son diplôme en poche, elle travaille ensuite longtemps dans une agence de communication tournée vers le luxe. « J’avais beaucoup de liberté. J’adorais ça. » Jean-Paul Gaultier, Givenchy… Et puis, un jour : break !!!
« J’ai eu envie de m’évader. » Durant un an, elle fait le tour du monde. « Dans ces endroits magiques, j’avais toujours avec moi un petit carnet. C’est là que j’ai commencé à croquer, à peindre ce que je voyais. » Visages en Ouzbékistan, vestiges engloutis en Asie, couleurs de Valparaiso… De cet incroyable périple, Sarah éditera ensuite son premier livre, Faites de beaux voyages.
Un bref retour sur Paris et la voici qui s’installe avec son mari Guillaume à La Réunion. « Nous y sommes restés cinq ans. »
Dans cette île de l’océan indien, sans s’en douter, Sarah commence à faire sa mue. Travaillant toujours comme graphiste indépendante avec un carnet de clients fidèles, elle trouve de plus en plus de temps pour dessiner, sort un deuxième livre et vend même quelques tableaux… Et puis, comme un refrain, la bougeotte. « Avant de revenir en France, on est partis dans l’Ouest américain faire un road-trip de plusieurs mois en camping-car, avec nos deux filles de 3 ans et 8 mois. On dormait dans les parcs nationaux. C’est là que j’ai commencé à dessiner des animaux. » De retour en Métropole, les globe-trotters s’installent finalement au… Mans. « On est ici depuis six ans, calcule Sarah, et j’adore cette ville ! »
Dans la cité de Scarron, la “voyageuse’’ trouve ses marques et même sa patte, attrapant à “bras le pinceau’’ la pince de son Homard Flingueur, son nouvel héros. Elle essaye alors de trouver des galeries qui pourraient l’exposer. Paris : aucune… Hannah, une amie anglaise vivant en Sarthe, la pousse à traverser la manche : « on est parties à Brighton. Une galerie m’a pris des oeuvres. Puis une autre… » Là-bas, son univers très “fridakahlesque ‘’ touche les coeurs et légitime son travail. Et, après le covid, tout s’emballe. « J’ai fait une expo fin 2021 dans le Marais. J’ai vendu toutes mes oeuvres. Je n’y croyais pas ! » Aujourd’hui, Sarah joue sans cesse du stylo, de l’aquarelle, de la palette graphique pour imaginer ses rêveries.
Et quand l’équipe de Gang Fusion lui a proposé de décorer sa nouvelle boutique d’une méga-fresque, la globe-trotteuse a foncé… pour plonger avec talent dans cet océan de créativité