Les mots pour vivre – Mamadi Sangare
Rédacteur en chef de Vitav, le magazine des jeunes Manceaux, Mamadi Sangare a trouvé dans l’écriture matière à s’épanouir.
“Enfant“ des Sablons, Mamadi Sangare pense souvent à sa mère. « Je suis arrivé au Mans à deux ans, en provenance d’Abidjan. Mon père était militaire au RIMA. J’ai de belles images de cette époque. J’ai l’impression qu’il faisait toujours beau. On passait notre vie dehors. Petit, ma mère m’a appris la valeur du travail et la notion d’efforts. Je lui dois beaucoup. »
Parti vivre à Champagné à l’âge de dix ans, il revient souvent aux Sablons : « c’est là que j’ai découvert le hip hop en bas des tours », sourit-il. Après son bac au Lycée Touchard, Mamadi fait une fac d’anglais. « Je voulais enseigner. »
Alors en maîtrise, il part à Paris, avec un ami, à un concert de Jamiroquai : « sur le chemin du retour, je me suis dit : “pourquoi s’ennuyer à faire des études’’ ? »
A 21 ans, il rentre à Ouest-France comme pigiste.« J’ai fait mon premier article sur La Gaufrerie, qui était encore place de la rép’. » Mais le devoir l’appelle : « je me suis débrouillé pour faire un service civil au Centre social de Champagné. » Pendant un an, “Mam’’ s’occupe des jeunes, anime le local, lutte contre la discrimination : « j’ai senti que j’étais fait pour ça. » Puis titularisé comme emploi-jeune, il y reste pendant cinq ans. Dans le même temps, il couvre pour Ouest-France son premier concert. « Le rappeur Passi chantait à L’Oasis. J’ai réussi à faire un interview de lui et tout s’est enchaîné. » Aujourd’hui, plus de vingt ans après, Mamadi Sangare est Mister Rock, Rap & Pop à la rédaction du Mans. Mieux, suivant à fond la scène locale, il est surtout devenu l’un des spécialistes musicaux du plus grand quotidien de France : « je me suis créé un fort réseau auprès des artistes et maisons de disque. J’ai rencontré tellement de chanteurs. J’ai tissé des liens avec certains. J’ai des anecdotes sur beaucoup : Tracy Chapman, Peter Gabriel, Seal, Goldman et tant d’autres. » Pour la sortie de son album “en famille“, Matthieu Chédid l’invite, juste lui et quelques journalistes renommés de la presse musicale spécialisée. Au delà de la musique, le basketteur-loisir croque la vie : « je couvre aussi le sport, notamment le MSB. »
Côté boulot, “Mam’’ – qui a depuis intégré le Service jeunesse de la Ville du Mans « comme animateur de quartier » – devient par la suite coordinateur des accueils des loisirs.
En 2013, quand la cité cénomane lui demande de reprendre Vitav, magazine pour les jeunes Manceaux créé en 1992, il est plus que ravi. « C’est un média presqu’unique en France. Si le support est aujourd’hui numérique, il fonctionne de la même manière qu’à ses débuts. » Managée par “Mam’’, la rédaction est uniquement composée de jeunes. « Je les reçois. Je leur ouvre un compte. Ils peuvent ensuite écrire sur presque tous les sujets. » Ainsi, celui qui voulait être prof, accompagne aujourd’hui ces journalistes en herbe : « j’adore transmettre ce goût de l’écriture, leur donner l’occasion de s’exprimer et d’avoir un regard critique. » Avec lui, Le Mans s’est trouvé un formidable ambassadeur auprès des jeunes. Lui, ce gamin des Sablons arrivé de Côte d’Ivoire…