Être et transmettre

Avec Le cygne des héros, le réalisateur Claude Saussereau s’est envolé sereinement vers son premier long métrage.

Et si Pierre Péroni n’était pas le seul super-héros du Cygne des héros ? Dans sa classe primaire de Parigné-L’Evêque, certains élèves de Claude Sausserau doivent avoir le regard qui brille quand il parle de leur instituteur. C’est à 20 ans que ce natif de Saint-Calais sait “enfin“ ce qu’il souhaite faire : « devenir prof des écoles. Avant, j’étais plutôt sportif, judoka…

J’avais ma moto, les copains. Mais pas vraiment de vision ce que je pouvais devenir. » Après l’IUFM, il obtient son premier poste à temps plein à Berfay, bourgade sarthoise de 300 habitants : « Il y avait 12 élèves. Du CE1 au CM2. » Pour Claude, la transmission du savoir flirte alors avec le magnifique film documentaire, Être et avoir. Mais, derrière son tableau noir, le nouvel instit’ est aussi en pleine “révolution’’. Il vient de s’inscrire à la MJC Prévert dans un atelier cinéma. Lors de sa dernière semaine à l’IUFM du Mans, le néo-prof a “découvert’’
le 7e art : « j’avais choisi comme module l’écriture d’un scénario avec tournage et montage. Moi qui n’était pas fan de ciné, ça m’a emballé. J’avais notamment rencontré Gilles Cousin, réalisateur de Rouget le Braconnier, un émerveillement. A Prévert, j’ai pu continuer à me former sur l’écriture de scénarios. »

En 2002, l’apprenti passe un cap et réalise son premier “vrai“ court-métrage : Pour l’amour de Jeanne. « J’avais une équipe d’une quinzaine de personnes avec des financements de la région et du département. » Dans le même temps, il propose à ses élèves quelques ateliers où, ensemble, ils créent des films d’animation ou de fiction. « Avec le cinéma, je n’ai jamais été pressé. Je prends mon temps », sourit-il. Et dans “son“ école buissonnière, Claude s’évade tous les deux ans vers un nouveau “mini-film’’. « De tous, avant Le Cygne des héros, c’est certainement Quand Paula part qui m’a le plus marqué ». C’est ici qu’il rencontre Raphaël Almosni et Hélène Raimbault, Pierre et Anna Pironi dans son long métrage. « Là, j’ai vraiment goûté la magie du cinéma avec une équipe et des moyens plus étoffés. »

En 2012, nouveau challenge : « j’ai tenté l’écriture d’un film beaucoup plus long. J’ai arrêté la direction d’école. » Né alors Le Cygne des héros. Une rencontre avec le producteur sarthois Bertrand Guerry amorce son envol : « avec Bertrand, nous n’avons pas trouvé les financements souhaités. Mais on a quand même décidé d’y aller façon débrouille, tout en restant très pro. » L’’été 2018, six semaines de tournage, intenses en émotion, scellent l’épopée du film. « Que d’énergie positive ! »

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Et le 7 mars 2020, grande première au Pathé du Mans, avant qu’une semaine plus tard, cause Covid, le cygne replie ses ailes : « cela n’a pourtant pas altéré sa marche en avant. Ça a même permis de lui donner une dimension internationale. »

Entre les cours à distance avec sa classe, Claude sous-titre le film (italien, espagnol et anglais). Sortant en salle le 13 janvier 2021, l’histoire de Lola (Rachel Nasschaert), persuadée que son super-héros de voisin retrouvera son père, a déjà été primée dans plusieurs festivals en Espagne, en Allemagne comme en Inde. Alors, qui a les super-pouvoirs ?

 

Philippe Laville

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