L’envie d’exister… – Valentin Vannier
Sensible et réservé, ce jeune créateur sarthois espère se faire un nom dans l’univers de la mode. En tout sincérité.
On retrouve dans les yeux de Valentin Vannier les mêmes lueurs qui illuminent les créations de Jean-Paul Gaultier ou Christian Lacroix. Si le jeune styliste manceau n’a pas encore eu la chance de rentrer dans le cercle fermé de ces créateurs de génie, il a en quelque sorte été “ adoubé“ par certains élèves de ces grands maîtres de la couture française. Ces “mentors“ à lui se prénomment Eric Tibusch, entré à 18 ans chez Jean-Paul Gaultier et qui a collaboré notamment avec Karl Lagerfeld ou John Galliano, ou encore Eymeric François, assistant à ses débuts de Thierry Mugler ou Christian Lacroix : « Eymeric est même devenu un véritable ami avec qui je partage beaucoup de choses. »
Plutôt discret, Valentin ne semble pourtant pas aimer se mettre en avant. Né à Saint-Calais d’un papa charpentier et d’une maman couturière, « elle a arrêté de travailler à ma naissance », le petit Valentin passe ses mercredis dans une petite boutique calaisienne d’arts décoratifs : « C’est là, en compagnie de Martine, que j’ai appris l’amour du
tissu, celui du papier, de la soie, de la peinture, des perles. Mais aussi de la perfection… »
A 12 ans, il crée pour ses cousines ses premières robes. Puis ado et alors qu’il suit une formation pour être graphiste, « c’était la volonté de mes parents », il monte sa première collection. « J’avais tout dessiné, tout fait sur mesure à la machine à coudre de maman. » Sa famille bluffée par tant d’audace et de détermination le “libère“ alors de tout “carcan professionnel“. « J’ai pu faire ce que je voulais », concède-t-il.
Succès pour son premier défilé
Un BTS de modélisme à Cholet le fait entrer de plein pied dans l’univers de la mode. « C’est là que j’ai commencé à faire des stages sur Paris. J’y ai rencontré Eymeric et Eric Tibusch. » Puis, il décroche un emploi en Bretagne chez un fournisseur de plumes. « Ma mission : élaborer une collection de vêtements pour valoriser la matière première. » Mais ses premiers pas dans le monde du travail sont difficiles. Pour supporter la pression, le jeune homme se lance un autre défi : créer sa “vraie“ première collection. « J’ai eu besoin d’un échappatoire. Sans contrainte. Sans hiérarchie. » En un mois, le Manceau dessine et réalise dix pièces, toutes aussi magnifiques les unes que les autres, qu’il présente dans la foulée (mars 2014) lors d’un défilé de mode au Scarron, place de la République. L’assistance tombe sous le charme et le professionnalisme de Valentin.
Ses créations griffées glamour chic à la parisienne, avec une once d’impertinence et une touche incendiaire, font mouche. « L’apparition de deux de mes robes lors du défilé de Manséa en novembre dernier, est l’unique moment où mes modèles ont pu être à nouveau exposés. » Après s’être ressourcé durant l’été, le “saltimbanque“ reprend la route et dépose en septembre ses valises à Toulouse. « Toujours pour apprendre, j’y suis une formation en costumes historiques. » Loin de ses bases sarthoises, Valentin reste pourtant très proche du Mans : « c’est ici que sont mes racines, confesse-t-il. Je suis en train de capitaliser sur mon premier défilé, et j’essaie de bâtir autour de moi un projet cohérent avec une équipe et des gens sur qui je peux compter. Comme David Piolé, photographe, ou Marjorie Bourgeois, l’une de mes plus belles rencontres, muse de ma marque. »
La tête sur les épaules, Valentin sait que le plus dur reste à venir pour exister dans l’univers de la mode . « Un jour gravé sur un banc, j’ai trouvé une phrase qui me caractérise bien je trouve. Elle dit : “le talent n’existe pas. Le talent, c’est d’avoir envie d’exister“ », souffle-t-il avant de s’éclipser.