L’émotion au naturel
La comédienne India Hair a trouvé en Sarthe un équilibre qui lui permet de mener, en toute sérénité, sa carrière d’actrice.
« Petite, je me voyais danseuse. Mais je n’étais pas hyper douée », sourit India Hair, installée depuis peu dans sa maison en bois, au nord du Mans.
En primaire, elle découvre le théâtre pour préparer un spectacle de fin d’année scolaire : « J’ai aussitôt ressenti que c’était comme ça qu’on pouvait lâcher ses émotions. »
Dans sa famille d’origine anglo-saxonne, les planches, la vie d’artiste, on connaît. « Pendant les vacances d’été, j’allais tout le temps retrouver mes grands-parents dans le Kent. Être avec eux me passionnait. Là-bas, l’impossible n’existait pas. »
Après le collège, la jeune India quitte sa Tou – raine pour Nantes et un lycée option cinéma et théâtre. Puis, c’est le Conservatoire à Nantes. « Lors du premier cours, j’ai rencontré mon mari. Il était assis juste devant moi », explique India espiègle. Le coup de foudre… comme au ciné.
Durant ses trois années ligériennes, le cœur d’India bat aussi au rythme de ses découvertes, cours et répétitions. « Les profs étaient plutôt rock. On sortait des sentiers battus. » Là, elle forge son rêve : « Je n’avais alors qu’un objectif : partir en tournée avec une troupe d’acteurs. » Pour y arriver, direction le conservatoire de Paris ! « J’ai bossé comme une dingue. Il fal – lait apprendre des trucs tout le temps. Au début, j’étais timorée. Les intervenants m’impressionnaient. Pour moi, jouer devant des gens qui vous scrutent sans cesse n’était pas facile. » Dans ce marathon théâtral, India prend ses marques. « On comprend vite comment ça marche. » En deuxième année, elle cherche un agent. « L’un des profs était Philippe Torreton.
Quelqu’un est venu à l’un de ses cours et m’a repérée. » Christel Baras, directrice de casting, l’invite alors à une audition pour un long métrage. « Une première pour moi ! Je n’avais même pas compris que la personne à côté d’elle était le réalisateur. » India tape pourtant dans l’œil de Raphaël Jacoulot.
Il lui confie le rôle de Maud dans son film Avant l’aube. « Ma première réplique était face à Jean-Pierre Bacri, quelle frousse ! » Un an plus tard, c’est le Festival de Cannes et une nomination aux Césars dans la catégorie “meilleur espoir féminin“ pour son rôle d’Alice, dans Camille redouble de Noémie Lvovsky. « Tout est allé très vite. J’étais surtout contente pour Noémie. » Aujourd’hui, après une trentaine de films, India s’est fait un nom dans le cinéma français.
Pour les Césars 2021, elle est sur la liste des 12 sélectionnées par le comité, dans la catégo – rie “révélation féminine’’. Cet été, elle a tourné Une jeune fille qui va bien, sous la direction de Sandrine Kiberlain (première réalisation). « Elle a écrit ce film pour moi », note India, encore sous le coup de l’émotion. « C’est un sentiment incroyable, de se dire que quelqu’un pense à vous ainsi. Qu’ensemble, on va faire passer, à partir d’une feuille de papier, des sentiments qu’on veut réels, pour émouvoir les gens. » Pensive, India regarde à travers sa grande baie vitrée.
Enceinte de 7 mois, elle doit maintenant se préparer et aller chercher son aîné en maternelle à l’école du village : « j’ai besoin de cette vie simple et en pleine nature pour faire ce métier qui me passionne.